reward_poster_for_freed_woman_HTubman

Harriet Tubman : recherchée morte ou vive pour avoir libéré des esclavagisés

déc 18 • Histoire • 3510 Views • Commentaires fermés

1 Star2 Stars3 Stars4 Stars5 Stars (3 votes, average: 3,00 out of 5)
Loading ... Loading ...

Harriet Tubman (née Araminta Ross en 1820 ou 1822 dans le Comté de Dorchester, Maryland, décédée le 10 mars 1913 à Auburn, État de New York).

Connue aussi sous les noms de Moïse [noire], Grand-mère Moïse, ou encore Moïse du peuple Noir, Harriet Tubman fut une combattante de la liberté Afro-Américaine. Étant une esclave évadée, elle travailla comme ouvrière agricole, bûcheronne, blanchisseuse, infirmière, et cuisinière. Devenue abolitionniste, elle participa à la lutte contre l’esclavage et le racisme. Elle accomplit diverses fonctions telles que collecte de renseignements, préparation des volontaires pour l’évasion, exécution des évasions, infirmière, prêche évangélique et collecte de fonds.

Harriet Tubman est née Araminta « Minty » Ross de parents esclaves, Harriet (« Rit ») Green et Ben Ross. Rit appartenait à Mary Pattison Brodess (et plus tard à son fils Edward) tandis que Ben était la propriété du second mari de Mary, Anthony Thompson, qui dirigeait une grande plantation à proximité de la rivière Blackwater à Madison dans le Maryland.

Comme pour beaucoup d’esclaves aux États-Unis, ni l’année exacte, ni le lieu de sa naissance n’ont été enregistrés et les estimations des historiens divergent, s’échelonnant de 1820 à 1825. Kate Larson avance l’année 1822, en s’appuyant sur un paiement de sage-femme et plusieurs autres documents historiques tandis que Jean Humez affirme que « les meilleures données actuelles suggèrent que Tubman est née en 1820 mais cela a pu être un an ou deux plus tard. ». Catherine Clinton note que Tubman estimait l’année de sa naissance à 1825, tandis que son certificat de décès indique 1815 et sa tombe 1820.

Modesty, la grand-mère maternelle de Tubman, arriva aux États-Unis sur un navire négrier en provenance d’Afrique ; aucune information n’est disponible sur ses autres ancêtres. Lorsqu’elle était enfant, on raconta à Tubman qu’elle était d’une lignée Ashanti (ce qui fixerait l’origine géographique de sa famille à l’actuel Ghana) mais aucun élément n’existe pour confirmer ou infirmer cette affirmation.

Sa mère Rit était cuisinière pour la famille Brodess. Son père Ben supervisait le travail du bois sur la plantation. Ils se marièrent vers 1808 et selon les dossiers de la cour, ils eurent neuf enfants ensemble : Linah, né en 1808, Mariah Ritty en 1811, Soph en 1813, Robert en 1816, Minty (Harriet) en 1822, Ben en 1823, Rachel en 1825, Henry en 1830 et Moïse en 1832.

Le système esclavagiste séparait fréquemment les familles, en éloignant les parents de leurs enfants, vendus à d’autres propriétaires qui résidaient parfois à de grande distance. La famille Tubman n’échappa pas à la règle. Edward Brodess vendit trois des sœurs d’Harriet (Linah, Mariah Ritty, et Soph), les séparant du reste de leur famille pour toujours. Quand un commerçant de Géorgie approcha Brodess pour acheter son plus jeune fils Moïses, Rit le cacha pendant un mois, aidée par d’autres esclaves et des Noirs libres de la communauté. Elle fit même face à son propriétaire quand celui-ci, accompagné de « l’homme de Géorgie », vint saisir l’enfant. Elle menaça d’ouvrir la tête au premier homme qui franchirait le seuil de sa maison12. Brodess recula et abandonna la vente. Plusieurs biographes s’accordent à penser que l’importance de cet épisode dans le roman familial nourrit sans doute la croyance de Tubman dans les possibilités de résistance

Évasion

Annonce publiée par Eliza Brodess dans le Democrat de Cambridge offrant une récompense de trois cents dollars pour Harriet (Minty) et ses frères Harry et Ben)

En 1849, Tubman tomba malade et sa valeur marchande diminua en conséquence. Edward Brodess essayait de la vendre, sans parvenir à trouver un acheteur. Tubman commença à prier pour que son propriétaire change d’avis au sujet de sa vente. « Je priais chaque nuit pour mon maître, jusqu’au premier mars ; et durant toute cette période, il continua d’amener des acheteurs pour me jauger et tenter de me vendre ». Quand il apparut inéluctable que la vente finirait par avoir lieu, elle changea la nature de sa demande. « Le premier mars, je commençai à prier : Mon Dieu, si vous ne comptez pas changer le cœur de cet homme, tuez-le, et ôtez-le de mon chemin ».

Une semaine plus tard, au début du mois de mars 1849, Brodess mourut, laissant derrière lui une femme, Eliza, et huit enfants. Tubman se repentit alors de sa dernière demande. Mais la mort de Brodess ne diminua pas la probabilité que Tubman soit prochainement vendue et sa famille séparée. Pour payer les dettes de son mari et éviter la saisie de la petite ferme, Eliza décida de vendre une partie des esclaves de la famille.

Craignant d’être revendue dans le « Sud Profond », Harriet prit sa propre émancipation en mains. Accompagnée de ses frères Ben et Henry, elle s’échappa une première fois le 17 septembre 1849, laissant derrière elle son mari, un homme libre, qui ne voulait pas la suivre. Tubman avait été louée au docteur Anthony Thompson, qui possédait une très grande plantation appelée Poplar Neck dans le voisinage de Caroline County. Les esclaves ayant été prêtés, Eliza Brodess ne s’aperçut sans doute pas immédiatement de leur disparition. Deux semaines plus tard, elle fit cependant publier un avis de recherche dans le journal local, le Democrat de Cambridge, offrant une récompense de cent dollars pour chaque esclave retourné. Une fois échappés, les frères Tubman furent cependant pris de remords. Ben avait dû laisser son tout jeune fils derrière lui. Les deux hommes effrayés par les dangers d’une vie de fugitif rebroussèrent chemin, obligeant Tubman à rentrer avec eux.

Peu après, Tubman s’échappa à nouveau, cette fois sans ses deux frères. Elle fut assistée dans sa fuite par des sympathisants Quakers et d’autres membres du mouvement abolitionniste, Noirs comme Blancs, qui avaient organisé à un vaste réseau d’évasion connu sous le nom de Chemin de fer clandestin (Underground Railroad en anglais). On sait peu de choses sur les circonstances exactes de son départ ; il était en effet nécessaire qu’elle conserve secrète une route qui a continué à être utilisée par d’autres fugitifs après elle.

La zone de Preston, proche de Poplar Neck dans le comté de Caroline (Maryland) était le siège d’une importante communauté Quaker, et fut probablement la première étape, sinon le point de départ, de la fuite de Tubman. De là, elle prit sans doute le chemin, long de près de 145 kilomètres, emprunté par la majorité des esclaves fugitifs : en direction du nord-est par la rivière Choptank, à travers le Delawareet ensuite vers le nord jusqu’en Pennsylvanie. Ce dangereux périple nécessitait de se déplacer de nuit, en évitant la surveillance des « chasseurs d’esclaves », avides des récompenses procurées par la capture des fugitifs. Le « conducteur » du chemin de fer clandestin utilisa un certain nombre d’astuces pour la cacher. Lors de l’un de ses premiers arrêts, la maîtresse de maison qui l’accueillit lui fit balayer la cour pour donner l’impression qu’elle travaillait pour sa famille. Quand la nuit tomba, on la cacha dans une charrette pour l’emmener jusqu’à la prochaine étape.

Elle pénétra finalement en Pennsylvanie avec un sentiment mêlé d’émerveillement et de terreur, décrivant plus tard ses sensations dans les termes d’une expérience religieuse : «Quand je découvris que j’avais franchi cette ligne, je regardai mes mains pour voir si j’étais la même personne. Il y avait une telle gloire sur tout : le soleil est apparu comme l’or à travers les arbres et sur les champs, et je me sentais comme si j’étais au Paradis. ».

Activités abolitionnistes

Harriet Tubman fut surnommée « Moïse » par ceux qu’elle aida à s’enfuir grâce au chemin de fer clandestin. Elle effectua de nombreux allers et retours au Maryland pour aider d’autres esclaves à s’échapper. Sa carrière de conductrices de fugitifs commença par la libération de membres de sa famille.

Immédiatement après avoir atteint la ville de Philadelphie, elle pensa en effet à sa famille : « J’étais une étrangère dans un monde étrange […] Mon père, ma mère, mes frères et sœurs, et amis étaient [au Maryland]. Mais j’étais libre, et ils devaient être libres eux aussi ». Elle trouva des petits boulots et commença à économiser de l’argent. Dans l’année qui suivit, le Congrès américain adopta le Fugitive Slave Act de 1850, qui contraignit tous les États, même ceux qui avaient interdit l’esclavage, à collaborer à la capture des esclaves fugitifs et à infliger de lourdes peines aux complices d’évasion. La loi augmenta les risques pour les esclaves en fuite, dont beaucoup poussèrent jusqu’au Canada. Dans le même temps, l’expansion de Philadelphie attisait les tensions raciales.

En décembre, Tubman reçut depuis Cambridge une nouvelle l’alertant de la vente prochaine de sa nièce Kessiah et de ses deux enfants, James Alfred, âgé de six ans, et Araminta, encore bébé. Horrifiée à l’idée de voir sa famille plus brisée qu’elle ne l’était déjà, Tubman fit quelque chose de très peu d’esclaves avaient fait avant elle : elle retourna volontairement sur la terre de son asservissement. Elle prit le chemin de Baltimore où son beau-frère, Tom Tubman, la cacha jusqu’au moment de la vente. Le mari de Kessiah, un homme noir libre nommé John Bowley, se rendit à la vente de sa femme où il fit en sorte de remporter l’enchère. Tandis qu’il simulait de prendre ses dispositions pour payer, Kessiah et ses enfants s’enfuirent dans une cache située à proximité. Quand la nuit tomba, Bowley convoya sa famille sur un canot jusqu’à Baltimore, à cent kilomètres de là. Ils furent pris en charge par Tubman qui conduisit la famille à Philadelphie.

À l’automne 1851, Tubman retourna dans le comté de Dorchester pour la première fois depuis son évasion, cette fois pour retrouver son mari John. Avec l’argent épargné sur ses maigres salaires, elle lui acheta un costume et fit route vers le sud. John, cependant, avait épousé une autre femme du nom de Caroline et refusa de la rejoindre, se déclarant heureux de son sort. Tubman maîtrisa sa colère et profita de son voyage pour exciter les velléités de fuites de quelques esclaves qu’elle mena jusqu’à Philadelphie. Elle réussit par la suite à ramener en sûreté ses quatre frères, Ben, Robert, Henry, et Moïse, mais échoua à sauver sa sœur adorée, Rachel, ainsi les deux enfants de celle-ci, Ben et Angerine. Rachel mourut en 1859 avant qu’Harriet ne puisse la secourir.

Tubman conduisit également des esclaves vers le Canada, désormais le seul endroit sûr d’Amérique du Nord pour les esclaves en fuite. En décembre 1851, elle guida un groupe non identifié de onze fugitifs vers le nord. Des indices suggèrent que Tubman et son groupe ont pu s’être arrêtés au domicile de l’abolitionniste et ancien esclave Frederick Douglass. Dans la troisième version de son autobiographie, Douglass écrit : « Une fois, j’eus onze fugitifs à la fois sous mon toit, et il était nécessaire pour eux de rester avec moi jusqu’à que j’aie pu recueillir suffisamment d’argent pour les conduire au Canada. Ce fut le plus grand nombre que j’aie jamais abrité et j’eus quelques difficultés à fournir la nourriture et un toit à tant de monde …. ». La date et le nombre de voyageurs coïncide avec les données fournies par Tubman.

Selon ses propres estimations, et celles de ses proches collaborateurs, elle a personnellement guidé aux alentours de soixante-dix esclaves vers la liberté pendant treize expéditions. Elle ne fut jamais capturée et, selon ses propres mots, « jamais ne perdit un passager ». Elle fournit aussi des instructions détaillées à beaucoup d’autres, qui voulaient s’échapper par eux-mêmes.

Sa propriétaire, Eliza Brodess, promit une prime de cent dollars pour sa capture, mais nul ne sut jamais que c’était Harriet Tubman qui était responsable d’autant de fuites d’esclaves de son ancien voisinage au Maryland. Des années après, après laGuerre de Sécession, on rapporta qu’une prime de quarante-mille dollars avait été offerte pour sa capture; mais cela ne fut qu’un mythe créé pour dramatiser à l’excès son action, dans le cadre de l’après-guerre.

Source : wikipedia

Related Posts

Comments are closed.

« »