Mémorial-esclavage-Nantes

Les blancs et les Blancs du Mémorial de Nantes

mar 30 • Vidéos • 1723 Views • Commentaires fermés

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Que la mairie de Nantes s’engage a inscrire le Code noir sur les panneaux blancs du Mémorial, afin de rappeler la légalisation par Versailles de la traite et de l’esclavage des noirs.

Pétition :

Peter Lema janvier 2014
Rosa Amelia Plumelle-Uribe
Louis Sala-Molins

Madame, Monsieur, chers amis :

La lettre jointe expose les raisons de la démarche entreprise par un groupe de militants particulièrement sensibles à tout ce qui touche à la récupération de la Mémoire et l’Histoire de la traite négrière et de l’esclavage.
Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage érigé à Nantes en 2012 sur un quai de la Loire comporte un circuit souterrain éclairé par une série de panneaux translucides ornés de divers textes ( décrets d’abolition de l’esclavage, témoignages d’esclaves, condamnations littéraires ou politiques de cette pratique criminelle etc.), particulièrement choisis pour que le visiter sache et s’émeuve.

Volonté politique ou négligence des concepteurs ? Pas un mot, pas une syllabe ni sur les panneaux du circuit ni dans l’ensemble du monument pour rappeler les débuts historiques du chapitre français de la traite négrière, dont le Mémorial célèbre la fin. Depuis son inauguration, des démarches individuelles pour signaler cette malencontreuse omission ont eu lieu auprès de diverses autorités impliquées dans la conservation du Mémorial et la gestion de son rôle éducatif et culturel .Sans succès jusqu’ici.

Il a donc été décidé par ces militants, parmi lesquels nous nous comptons, de revenir à la charge dans une démarche collective.

Nous demandons aujourd’hui à l’autorité prioritairement concernée monsieur le Maire de Nantes- que , sur les premiers panneaux du circuit souterrain jusqu’ici vierges de toute inscription, figurent des articles particulièrement significatifs de l’Edit de 1685, connu sous le nom de « Code Noir », qui officialise pour l’Histoire et pour le Droit l’engagement solennel de la monarchie française dans ce « crime contre l’humanité » dont le Mémorial célèbre la fin. Il le faut pour que le récit proposé par et dans le Mémorial n’occulte plus son assise juridique ; pour que, la vérité historique ainsi rétablie, la mission culturelle, politique et pédagogique de ce monument ne risque plus d’être altérée.

Si nous sommes nombreux à le demander, nous pouvons espérer être entendus.

Votre appui nous est donc indispensable.

Grand merci de nous le faire parvenir, si notre démarche vous paraît fondée et si vous le voulez bien, en répondant par mail à l’une des trois adresses notées en bas de page« je signe » et en ajoutant éventuellement qualités et nom d’un organisme d’appartenance.

En prévision de la Journée nationale du 10 mai de cette année, nous voudrions pouvoir transmettre la pétition à ses destinataires avant le 10 février.

Très cordialement
P.Lema (peterlema200@yahoo.fr )
RA.Plumelle-Uribe  (fplumelle@gmail.com)
L.Sala-Molins  (louis.sala-molins@orange.fr)

**********

Lettre adressée au Maire de Nantes

Monsieur le Maire,

dès l’inauguration du magnifique Mémorial de l’Abolition de l’esclavage, des démarches individuelles de tel et tel des signataires auprès des élus nantais et de l’autorité responsable de la gestion muséographique, scientifique et pédagogique de ce monument afin de signaler des anomalies dans le récit qui s’y déploie sont restées sans effet, voire sans le moindre début de réaction ou de réponse. Or il est évident que, tel quel, le récit proposé peut être lu en opposition aux vérités historiques qu’il est censé rappeler, voire en négation des faits qui les constituèrent .

Partant du principe que le Mémorial n’a pas été érigé pour agrémenter le paysage urbain, mais que ses concepteurs et promoteurs entendaient, en l’érigeant, servir l’Histoire, nous voulons signaler une lacune particulièrement grave, qui doit être nécessairement comblée pour une lisibilité pédagogiquement sérieuse et historiquement cohérente de ce récit.

Le Mémorial ne contient pas un mot, nulle part, sur le début de l’histoire

qu’il raconte. Pas la moindre allusion à Richelieu ou à Louis XIII qui inaugurent, pour la France, la légitimation de la traite et de l’esclavage des Noirs. Pas la moindre allusion à Colbert ou à Louis XIV qui codifient et légalisent traite et esclavage avec la solennité que l’on sait. Comme si l’Edit de 1685 n’avait jamais existé. Comme si n’avaient jamais existé ceux qui, au fil des temps et en fonction des déploiements géographique et historique des « territoires à esclaves », vinrent modifier et alourdir les dispositions de l’édit « fondateur ». Par cet inexplicable et inexcusable silence sur le début de l’histoire dont le Mémorial évoque à grands traits la durée et célèbre la fin, le visiteur peut quitter le Monument sans savoir, parce qu’il n’en souffle mot, que ce crime contre l’humanité ne fut pas l’oeuvre d’une « bande de brigands » ( les « négriers ») aux pratiques interlopes , en rupture, – peut-être, allez savoir…- avec la société de leur temps ou en …délicatesse ou conflit avec les pouvoirs , mais celle de la volonté du pouvoir royal solennellement proclamée et codifiée, inlassablement réitérée. Où peut-on lire dans le Mémorial que, si cela devait finir un jour et que les esclaves en révolte n’y furent pas pour rien, cela avait eu un commencement précis, avec un programme politique et juridique précis dont la clé et la « légitimité » étaient la

chosification de tout Noir , chaque Noir, par la volonté du pouvoir français devenant « de jure » sinon « de facto » susceptible d’être « traité »? Nulle part.

Parce que Mémoire et Histoire l’exigent, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage doit raconter de façon nette et claire, sur les panneaux lumineux vides en début du circuit souterrain, son instauration. Faute de quoi le récit en est faussé et la mission pédagogique dénaturée. A moins que, mais nous ne voulons ni ne pouvons le croire, aucune « fonction » historique ou pédagogique n’ait été attribuée à ce monument…

A l’un d’entre nous, qui relevait cette carence à un élu nantais, il fut objecté

que, rappel étant suffisamment fait de ces édits et de cette volonté royale dans les salles du Château des Ducs de Bretagne, il était inutile d’y revenir dans le Mémorial. Comme s’il était évident que tout visiteur de l’un visiterait l’autre…

De façon autrement plus sérieuse et politiquement responsable, à l’un de nous qui s’en ouvrait récemment à elle, Madame la Garde des Sceaux, Ministre de la Justice Christiane Taubira écrivait textuellement :

« Le Mémorial de Nantes, je vous l’accorde, gagnerait à parfaire son exposition pour rendre compte de toute la dimension du crime qui fut perpétué. Le geste serait d’une belle grandeur ».

En demandant que ce « geste d’une belle grandeur » soit réalisé au plus tôt,

nous ne faisons rien d’autre, en accord avec Madame la Garde des Sceaux, Ministre de la Justice que respecter une exigence de la Mémoire et de l’Histoire. Pourrions-nous suggérer qu’il puisse être matérialisé avant le 10 mai de cette année, jour anniversaire de la Loi de 2001 qualifiant traite et esclavage de « crimes contre l’humanité » ?

Convaincus, Monsieur le Maire, que vous accueillerez très favorablement notre requête, nous vous prions d’agréer l’expression de nos salutations les plus respectueuses.

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